Massage tantrique
Tantra et massage tantrique
Le massage tantrique s’inscrit dans un courant philosophique et spirituel originaire d’Inde, qu’on appelle communément tantra ou tantrisme. Le mot « tantra » est composé de la racine verbale « tan » (tendre) et du suffixe « -tra ». L’étymologie populaire l’interprète en deux mots sanskrits : tanoti (expansion) et trayati (libération). C’est donc « la science de l’expansion de la conscience et de la libération de l’énergie » selon Swâmi Satyananda.
Les premiers textes tantriques, rédigés en Sanskrit Gupta, remontent aux IVè et VIè siècles, mais s’appuient sur une tradition orale bien plus ancienne, probablement pré-aryenne. Ce sont des textes à la fois très philosophiques, et éminemment pratiques, puisqu’ils prescrivent des techniques de libération ou de réalisation d’ordre spirituel.
Le tantrisme repose sur un système de pensée très élaboré, certains en parlent même comme d’une science. Il postule que le microcosme renferme le macrocosme, c’est-à-dire qu’à partir de l’exploration de l’infiniment petit, on peut apprendre à connaître l’infiniment grand, cela implique également que tout ce qui est ici est là-bas, et ce qui n’existe pas ici n’existe pas là-bas. Il en découle donc que la libération peut advenir « ici et maintenant » et ne doit pas être attendue ou espérée dans une autre vie ou après la mort. En apprenant à se connaître, on apprend donc à connaître l’univers, et à cet égard, le corps constitue un champ d’exploration privilégié. On observe son fonctionnement, et toutes ses manifestations, peurs ou désirs, ombre ou lumière, sans les rejeter ou les juger. Pas d’ascétisme, de renoncement ou de rejet du corps comme dans certaines religions ou courants spirituels. Le corps est envisagé comme étant « le lieu inévitable de la réalisation spirituelle » pour reprendre les mots de Pierre Feuga. C’est ce qui constitue pour moi l’une des spécificités et des richesses de l’approche tantrique par comparaison aux autres voies spirituelles.
Le massage tantrique, en tant qu’il offre une voie d’accès privilégié à la corporéité, a donc pleinement sa place dans une démarche tantrique, même si ce n’est pas une pratique dont l’existence est attestée dans les textes traditionnels. Il permet en effet une exploration consciente du corps physique et un accès à sa dimension plus subtile et énergétique à travers l’abandon et les états modifiés de conscience qu’il procure.
Le tantrisme apparaît comme une véritable démarche empirique de connaissance de soi et du monde, une méthode expérimentale qui passe par l’union de la conscience (assimilée à Shiva) et de l’énergie (représentée par Shakti). Il utilise les supports communs à d’autres traditions spirituelles que sont la méditation, la prière, le pranayama (maîtrise du souffle), la répétition de mantras (formules sacrées), la pratique des asanas (postures rituelles) et des mudras (gestes ou positions rituelles), la visualisation, la réalisation de mandalas….. mais au-delà, toute expérience est considérée comme étant propice à la connaissance et à l’éveil. Chaque activité du quotidien : marcher, manger, dormir, faire le ménage ou faire l’amour, chaque détail trivial de notre existence peut être un vecteur de transcendance. Il n’y a pas de hiérarchisation dans les pratiques, pas de notion de pur ou d’impur, de bien ou de mal, tout devient sacré, tout prend une saveur subtile.
Les manifestations corporelles, les émotions ; désir, peur, colère, plaisir, joie, sont donc acceptées pour ce qu’elles sont, des énergies. Il ne faut pas chercher à les fuir mais à les observer, les transcender. C’est une démarche à la fois profondément libératrice et extrêmement exigeante. Car pour y parvenir, l’adepte doit d’abord réussir à s’alléger, se libérer de ses attaches et de ses complexes, de ses manques, faute de quoi il sera le jouet de ses émotions, c’est une voie ardue et périlleuse.
L’aspirant tantrique va donc se plonger dans l’existence et non se retirer dans un monastère, se confronter à ses démons et non les fuir. Il est en effet facile de se croire « éveillé » quand on tient le monde à distance, ou qu’on fait une retraite de méditation de plusieurs jours. La confrontation à la vie quotidienne permet de lever le voile très rapidement sur cette illusion….
Le massage tantrique est d’ailleurs à cet égard un excellent révélateur et celui qui viendrait y chercher à combler un manque ou assouvir une pulsion se trouverait immanquablement confrontés à ceux-ci dans la plus grande des frustrations. Il faut se garder d’envisager le tantrisme comme un outil de développement personnel, en l'amputant de sa dimension spirituelle - ce qui est assez fréquent en Occident, car c'est avant tout une voie d'éveil. On ne vient pas au tantra pour résoudre ses problèmes existentiels ou ses problèmes de couple, même si l’amélioration de ceux-ci peut découler d’une démarche tantrique sincère.
Le massage tantrique se donne – et se reçoit pour ceux qui le peuvent – en état méditatif. C’est un véritable voyage intérieur qui permet de se re-découvrir autrement. Il favorise le lâcher-prise, et permet d’atteindre un état de conscience modifié, et par intermittence l’arrêt du mental. La lenteur des gestes et les pauses font naître le silence, et permettent à la personne massée de ressentir plus facilement et profondément la circulation de l’énergie. Le corps est massé entièrement, ce qui permet de retrouver un sentiment d’unité et d’harmonie, le sexe y retrouve sa juste place dans le schéma corporel et mental : ni sale, ni central, il « est » tout simplement - c’est un sentiment profondément libérateur. L’énergie sexuelle est à l’origine de la vie, c’est la plus puissante, et c’est pour cette raison qu’une attention particulière lui est portée dans le tantra, qu’il faut la purifier et la transcender. Elle est l’élément moteur indispensable au processus de transformation de l’être. Car pour obtenir la transcendance, la libération, une prise de conscience n’est pas suffisante, il faut que l’énergie, puissante, entre en jeu ; elle seule permet l’arrêt du mental, la manifestation de Kundalini.
Le massage tantrique permet d’explorer la corporéité sans intention ni projection de la part du masseur. C’est un espace de confiance et de neutralité où la personne massée peut vraiment venir se déposer pour aller à la rencontre d’elle-même. Par l’intermédiaire du massage, on va rendre au corps sa dimension sacrée, lui permettre d’accéder à sa dimension vibratoire, unifier le corps, le cœur et l’esprit.
Dans le tantrisme, il est entendu que le corps dépasse la seule dimension physique, et doit être envisagé dans sa dimension subtile. A l’anatomie classique qui distingue une structure osseuse, des fascias, des réseaux veineux et lymphatiques… se superpose une structure plus subtile dans laquelle les nadis distribuent l’énergie et la conscience, et font le lien entre corps physique et subtil. Ce sont des canaux énergétiques, au nombre de 72000 ou de 320 000 selon les traditions. Les trois principaux peuvent être situés au niveau du dos. Sushumna au centre part du périnée, et remonte la colonne vertébrale jusqu’au sommet de la tête, c’est là que remonte la Kundalini (énergie vitale) quand elle est activée, en général elle est lovée en muladhara (premier chakra). Ida (canal lunaire, à gauche) et Pingala (canal solaire, à droite), l’entourent. Au croisement de plusieurs nadis se trouvent les chakras, terme que l’on peut traduire par « roue », qui sont des centres énergétiques et psychiques. Il est d’usage en Occident d’en dénombrer sept principaux, disposés verticalement à partir de la base de la colonne vertébrale jusqu’au sommet de la tête. Chacun de ces chakras est porteur de qualités, de propriétés qui lui sont propres, et qui ne s’éveillent que lorsque le chakra est purifié et pleinement activé.
Le massage va permettre d’accéder à cette dimension subtile du corps, pour amener conscience et énergie dans ces centres et les harmoniser. Il ne s’agit en aucun cas de forcer ou provoquer un processus, ce qui pourrait être grandement préjudiciable si la personne n’est pas prête, mais de l’accompagner et le faciliter. Je commence tout massage en posant mes mains sur les chakras deux et quatre, correspondant au sexe et au cœur, afin de les harmoniser et de permettre à l’énergie de l’un de nourrir l’autre.
Différentes émotions, sensations ou réactions corporelles peuvent surgir pendant le massage, qui ont pleinement leur place et doivent être acceptées avec bienveillance. Pour expliquer comment les gérer, on utilise assez communément l’image du surfeur : il faut surfer sur la vague, mais pas se laisser emporter ou dominer par elle. Les états suscités par le massage peuvent être vécus pleinement, mais doivent rester dans le corps, il faut éviter de « rentrer dans le mental », dans une forme de projection ou d’attente. Ce qu’il faut capter dans l’émotion, c’est le point de départ, le frémissement, quand ça n’est encore qu’une énergie. Il faut essayer de vivre pleinement l’« intensité sans intention », pour reprendre l’expression de Jean Papin.
Vivre un massage tantrique, c’est aller à la rencontre de soi-même, se recentrer, expérimenter, ouvrir le champ des possibles. C’est un voyage à l’intérieur de soi.
Massage tantrique, deux heures, 180 euros.
Les paiements par carte ne sont pas acceptés. Chèque ou liquide uniquement.
